Quel est notre rapport à l'effort ?

visibility114 Vues

Quel est notre rapport à l'effort ? 

Selon le dictionnaire Le Robert, l'effort est une "activité d'un être conscient qui emploie ses forces pour vaincre une résistance". A ce titre, pour pouvoir enclencher une action, il faut être en capacité de donner du sens à ce que l'on fait et dégager une vision lointaine des résultats qui pourront en découler. 

Malheureusement, ou heureusement, la société tend à évoluer vers la société du moindre effort. Ceci pour deux raisons :

La flemme est un filtre ... 

Il y a une forte aspiration à rompre avec les charges mentales et à trouver un équilibre entre la vie professionnelle et personnelle : mise en pause des téléphone, les retraites spirituelles, l'exode vers la campagne ... Il y a un besoin de souffler, de respirer, dans une société qui demande toujours plus de performances. Auparavant, nous étions arrêtés par les contraintes environnementales (les saisons, l'absence d'électricité, ...) tandis qu'aujourd'hui, grâce et à cause de l'univers actuel, nous pouvons continuellement consommer et travailler. On surcharge nos emplois du temps d'activités professionnelles, sociales et extra-professionnelles et ce, dès le plus jeune âge. Nous sommes en un sens piégés par les injonctions et la surperformance. 

... Et les innovations crées de la flemme

Les modifications sociétales transforment notre rapport à l'effort. Les technologies et l'évolution des services nous assistent suffisamment, ou trop, pour ne plus nous pousser à sortir de chez nous ou à nous impliquer. En parallèle, le temps passé devant les écrans et la forte tendance à vouloir obtenir tout dans l'immédiateté engendrent une paresse. Il est parfois difficile pour certains de cultiver la patience et la valeur de l'effort : pourquoi aller au cinéma lorsque l'on peut regarder un film sur son canapé ? Pourquoi emprunter l'escalier alors qu'il y a un ascenseur ? Pourquoi profiter de l'instant présent avec son ami alors qu'il est possible de scroller sur les réseaux avec 500 connaissances ? Pourquoi aller faire ses courses en semaine alors que l'on peut se faire livrer à domicile un dimanche ? 

Quelles modifications sociétales ont transformé notre rapport à l'effort ? 

Dans une enquête d'opinion (2022), la Fondation Jean-Jaurès et l'institut Ifop évoquent une "épidémie de flemme" marquée par l'épidémie de COVID-19, et plus largement, la succession de crises (crise de 2015, les attentats, les gilets jaunes, les différentes guerres ...). Entre 30 à 40% des français sont touchés par une plus grande fatigue, une démotivation à sortir de chez eux et une moindre capacité à effectuer un effort physique.

Le quiet quitting (la démission silencieuse)

Cette enquête montre que les français tendent à vouloir faire primer leurs loisirs afin de trouver un équilibre entre la vie professionnelle et personnelle. Pour ce faire, deux salariés sur trois sont disposés à diminuer leur temps de travail afin de s'offrir davantage de temps libre. Car aujourd'hui, le travail est devenu secondaire, seuls 24% des français estiment que le travail occupe une place très importante dans leur vie (contre 60% en 1970). La dimension sacrificielle du travail n'équivaut pas à ce que l'on reçoit (salaire, reconnaissance ...) et le travail a perdu sa place statutaire. Il n'est plus question de "travailler plus pour gagner plus". 

Adaptation du marché aux tendances de la société

La crise du COVID-19 a fragilisé la population, et plus particulièrement les jeunes. Cela se traduit par une hausse des consultations de psychologue, d'un niveau d'anxiété et de stress marqués : 40 % des 25-34 ans estiment ne pas se sentir suffisamment solides mentalement pour faire face aux aléas de la vie quotidienne, 20% d'entre eux ont envie de pleurer quotidiennement et 45% des Français disent être régulièrement touchés par une épidémie de flemme les dissuadant de sortir de chez eux.

Cette forte prévalence à ne pas sortir de chez soi touche particulièrement certains secteurs (le cinéma, les clubs sportifs, les bars et clubs nocturnes). Le contexte est plus dur (santé, environnement, durabilité des couples, précarité de l'emploi ...) et les nouvelles générations semblent moins bien préparées. Les capacités émotionnelles et physiques étant moindre, à terme, les personnes s'orientent plus facilement vers la tentation du replis, du cocon et de l'abandon de l'effort social. 

Comment cultiver le goût de l'effort et en faire un plaisir chez les jeunes ? 

Le sens de l'effort n'est pas inné. L'homme est fait pour le plaisir de l'immédiat et tout ce qui relève du déplaisant, du difficile ou du frustrant doit s'éduquer, s'apprendre. Cette minimisation des efforts continuels est notamment due aux nouvelles technologies. Les nouvelles génération ont un moindre attrait à la dimension sacrificielle contrairement au plaisir immédiat.  Dans cette démarche d'immédiateté et de consommation permanente, certaines personnes perdent de vue les efforts réalisés par les autres pour satisfaire leurs besoins. 

Voici quelques pistes à explorer pour cultiver le goût de l'effort : 

  • réinclure des activités simples et banales pour ressentir rapidement du plaisir 
  • valoriser les objectifs à long terme (musique, activité sportive, activité artistique ...) et établir des règles.  Il est possible de s'être trompé d'activité mais il ne faut pas céder à l'abandon facilement et apprendre à respecter ses engagements
  • acculturer et montrer que l'effort est aussi une expérience intéressante : bricoler, cuisiner, travailler ... 
  • mobiliser les réussites antérieures et encourager. Il est important de verbaliser, d'être transparent et d'exprimer ses difficultés. Cela permet de ne pas minimiser la difficulté d'un effort mais également de montrer que l'objectif est atteignable. 

Prenez soin de vous !  

L'équipe Bio center 

Dimanche Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Janvier Février Mars Avril Peut Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre